Les notes marines nous plongent depuis des décennies dans l’immensité olfactive, un voyage à vingt mille lieues sous les mers. Les notes aquatiques ont trouvé leur place dans nos fragrances et l’odeur iodée des embruns est partie à l’abordage de nombreux nez désormais conquis. Découvrez les origines de cette véritable vague parfumée, au succès vivifiant.
Quand la synthèse met la mer en bouteille
Si de nos jours les parfums marins font partie de nos odeurs favorites, sachez que cette tendance est assez récente. Contrairement aux fragrances florales portées depuis la nuit des temps, l’ingrédient principal de l’accord aquatique n’est apparu qu’au siècle dernier. Et ce ne sont pas les parfumeurs qui sont à l’origine de cette création mais l’industrie pharmaceutique. C’est en 1951 que les chercheurs du laboratoire Pfizer ont découvert la calone (techniquement appelée Calone 1951), une matière synthétique à l’odeur particulière. Ce composé chimique sera finalement introduit dans le commerce en 1966 et breveté en 1970. Il atterrira quelques années plus tard dans les compositions parfumées.
Et pourtant, le destin de la calone était à la base bien éloigné de l’univers des fragrances. À l’origine, les chimistes de Pfizer cherchaient à créer un additif alimentaire offrant le goût et l’arôme de la pastèque. À la place, ils sont parvenus à concevoir une poudre blanche qui reproduit l’odeur des embruns marins. Cette molécule a une structure similaire à celle des phéromones produites par certaines espèces d’algues. Sous sa forme de cristaux, la calone possède une odeur âcre et brûlante. Ce n’est qu’une fois diluée qu’elle dégagera cette facette iodée si caractéristique. Une découverte qui a du flair puisque qu’elle créera bientôt une petite révolution dans le monde du parfum…
Le parfum marin se jette à l’eau
Une nouvelle vague
Au début des années 70, on préfère les parfums aux notes puissantes et opulentes. C’est pourquoi pendant longtemps la calone s’est cantonnée aux soins pharmaceutiques et même à parfumer les produits ménagers. Ce n’est que vingt ans plus tard que cette molécule sera utilisée pour la première fois en parfumerie. Aux États-Unis en 1988, le parfumeur Yves Tanguy pour Aramis, crée une composition d’un nouveau genre. Dans son flacon bleu, le parfum New West cherche à capturer l’odeur et l’esprit de la côte Ouest. Toutefois, cette fragrance ne rencontrera pas le succès escompté, notamment en Europe.
La goutte d’Eau
Mais le parfum marin n’avait pas dit son dernier mot ! Au début des années 90 le couturier japonais Issey Miyake affirme : « Je veux un parfum qui sente l’eau ». Il concrétise sa volonté en 1992 en créant une fragrance au nom évocateur : l’Eau d’Issey. Et cette Eau va marquer un véritable tournant dans l’histoire de la parfumerie moderne. Cette fragrance rencontre très vite un succès mondial qui parfumera les femmes de toutes les nationalités. Et se hissera dans le top des parfums préférés des français pendant de nombreux mois. Une fragrance aux notes marines qui laissera dans son sillage de nouveaux adeptes des facettes aquatiques, et ouvrira la voie à de nombreuses créations fraîches et pures.
Les notes marines : ingrédients et senteurs
L’alliance de la synthèse et du naturel
Nous l’avons vu plus haut, la calone est l’un des ingrédients principaux qui composent les parfums marins. Mais la synthèse n’est pas la seule à conférer aux compositions des facettes aquatiques. En effet, certains végétaux naturels sont aussi utilisés dans cette catégorie olfactive. C’est le cas par exemple du lotus, du cyprès bleu ou encore de la criste marine et des algues. On retrouve également de la mousse de chêne dans les accords marins car elle possède des tonalités iodées, voire même des notes salées. Des fruits sont parfois ajoutés pour apporter une touche aqueuse et ainsi contribuer à cette harmonie. On pense par exemple aux fruits d’eau comme la pastèque ou le melon.
Mais depuis la découverte de la calone, la chimie a fait bien des progrès et de nouvelles molécules de synthèse se sont invitées dans la palette olfactive des créateurs. Les molécules de melonal, de floralozone, l’algenone, le transluzone ou encore le scentenal sont des déclinaisons de la calone. Toutes aussi fusantes, elles ont chacune leurs propriétés olfactives et ajoutent à une fragrance un parfum de fraîcheur, une impression d’humidité mais aussi des notes minérales.
Une brise parfumée
Grâce à ces différentes matières premières, les notes marines laissent échapper de leurs flacons un air de grand large. Les notes aquatiques évoquent l’océan, la fraîcheur vivifiante des embruns ou les algues. Des notes légères mais tenaces, qui plaisent aux hommes et aux femmes, aux amateurs de nature et d’élégance qui cherchent une fragrance pleine de vitalité. Des parfums légers à porter aussi bien en été pour flâner le long de la plage, qu’en hiver pour s’évader encore et encore vers le grand bleu !
Nos parfums marins alõ et ïōdé
Il faut croire que nos nez étaient déjà prédestinés à barboter dans le jus cristallin des parfums marins. C’est ainsi que ïōdé a rejoint la collection de nos eaux de parfum dès les prémices de notre aventure olfactive. Cette fragrance aquatique intègre un accord marin auquel se mêle un cœur chypré et fleuri grâce au muguet et au jasmin. Un parfum de liberté qui se conjugue avec une note de fond à la fois boisée et ambrée pour lui donner encore plus de caractère.
Et puisque que, quand on aime on ne compte pas, nous avons décidé de créer un autre parfum marin avec alõ ! Une fragrance enivrante inspirée par le souvenir d’un cocktail au gin savouré en bord de mer, où la calone s’impose en note de cœur. Cette fragrance allie la fraîcheur des agrumes (citron, bergamote, orange amère) au frisson des épices (baies roses, baies de genièvre, gingembre) pour finalement s’apaiser doucement par l’odeur chaude et boisée du vétiver. Le programme parfait pour enfin se jeter à l’eau !
Cette onde marine, empreinte d’une aura iodée captivante, persiste dans son charme en envoûtant les sens et les épidermes de fervents amateurs. Désormais, les maîtres parfumeurs ne se contentent plus de conférer une tonalité aquatique à leurs créations olfactives. Ils élèvent ces notes marines au rang d’une famille olfactive distincte et affirmée, à l’instar des genres boisés ou chyprés. Ainsi, les fragrances marines s’émancipent de leur statut de simple « sous-catégorie » pour devenir une entité olfactive à part entière, libre de se hisser aux côtés des grandes familles olfactives traditionnelles.
Et vous, ça vous inspire quoi les notes marines ? Vous avez déjà des envies de grands airs aux rythmes des embruns marins ?
Découvrez les fragrances citées dans cet article






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